Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/349

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ses principales vertus. Mais peu de tems après avoir terminé les expéditions dont je viens de parler, il fut obligé de l’employer ailleurs, et de la faire servir à sa propre défense. Le simple récit de ce qui se passa durant les cinq ou six années qui suivirent immédiatement la soumission des Francs, et la pacification accordée aux Visigots, montrera suffisamment que l’empire ne fut point alors en état de faire de grands efforts pour soumettre les provinces confédérées. Il est vrai qu’on ne voit point que les troubles et les guerres civiles qui agiterent l’empire dans les tems dont nous parlons, ayent éclaté dès l’année quatre cens vingt-neuf ; mais il paroît que dès-lors la semence en avoit été jettée, et que les grands officiers de l’empire s’étoient brouillés entre eux dès ce tems-là. Les fastes de Prosper disent sur cette année quatre cens vingt-neuf, que Felix ayant été fait patrice, Aëtius fut fait maître de la milice, ce qu’il faut entendre de la milice du département du prétoire d’Italie, par deux raisons. La premiere, c’est que nous allons voir Aëtius agir en cette qualité dans l’Italie : la seconde, c’est que nous avons vû par le titre que lui donne Idace, en parlant de la guerre contre les Juthunges, et par l’interêt qu’il lui fait prendre dans les affaires d’Espagne, que ce capitaine étoit déja maître de la milice dans le département des Gaules dès quatre cens vingt-sept. Comme ces deux emplois ne pouvoient point être compatibles, il est aussi très-probable qu’Aëtius qui étoit l’ame de la monarchie, dont Valentinien étoit le chef, aura quitté le géneralat du département des Gaules, en acceptant celui du département d’Italie, et que c’est une des causes pour lesquelles il ne s’y fit rien de remarquable en quatre cens vingt-neuf. Nous observerons encore que nous ne verrons plus Aëtius commander dans les Gaules, qu’après l’avoir vû revêtir de la dignité de patrice, qui, comme nous l’avons dit, mettoit en droit de commander au maître de la milice dans son propre département. Mais pour revenir à notre sujet, des orages pareils à celui que nous allons voir, ne se forment pas en un jour, et sans faire souffrir le corps politique long-tems avant qu’ils éclatent.

Enfin, l’année quatre cens trente, Aëtius ayant connu que le patrice Felix, Padusia femme de Felix et Grunitus, lui dressoient des embuches, il les fit assassiner tous trois. Qu’on