Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/568

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ront pû, et les Alains auront été desarmés et dispersés. On aura voulu détruire entierement cette colonie, qui depuis cinquante ans qu’elle avoit été établie par Aëtius dans le centre des Gaules, n’avoit point cessé d’y commettre des violences, et qui par ses intelligences avec les étrangers, les avoit mises plus d’une fois dans un danger éminent. On aura donc pour l’extirper, transplanté nos Alains dans les provinces obéissantes, et dans les provinces confédérées, et l’on les y aura si bien esparpillés, s’il est permis d’user ici de ce mot, qu’il leur étoit impossible de commencer à s’attrouper en aucun endroit, sans y être aussi-tôt enveloppés. Voilà peut-être, pourquoi le nom propre d’Alain, est encore aujourd’hui si commun dans le duché de Bretagne, qui dans les tems dont il est ici question, étoit un des pays compris dans la confédération Armorique. Comme cette portion du commandement Maritime n’avoit point essuyé depuis long-tems les malheurs de la guerre, elle devoit être très-peuplée et l’on y aura relegué à proportion un plus grand nombre d’Alains que dans les autres contrées, parce qu’il y étoit plus aisé qu’il ne l’étoit ailleurs, de les réduire à vivre en paix dans les lieux où ils seroient distribués. Ceux qui avoient été pris les armes à la main, y furent envoyés comme captifs, et ceux qui s’étoient rendus, comme exilés.

L’observation que nous allons faire, fortifiera encore notre conjecture. Paulin de Perigueux comme on l’a déja lû dans le chapitre douziéme du second livre de cet ouvrage, écrivit son poëme sur les miracles operés par l’intercession de saint Martin, sous le pontificat de Perpetuus fait évêque de Tours vers l’année quatre cens soixante et deux, mais qui ne mourut que vers quatre cens quatre-vingt-onze. Notre poëte dédie son ouvrage à ce grand prélat, connu aujourd’hui en Touraine sous le nom de Saint Perpète. Ainsi les apparences sont que ce n’aura été qu’après l’année quatre cens soixante et trois, où nous en sommes, que Paulin aura composé le poëme dont nous parlons. Or Paulin en faisant mention des maux que les Alains avoient faits au pays, en parle comme d’un mal passé. Dans le tems où les Gaules avoient tant à souffrir des Huns qui servoient l’empire en qualité de ses Confédérés. voilà comment il s’explique dans des vers que nous avons rapportés. Ce qui est encore certain c’est qu’il n’est plus fait aucune mention des Alains de la Loire, dans l’histoire des tems posterieurs à l’année quatre cens soixante et trois.