Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/604

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écrire l’Histoire en bon latin, son ouvrage auroit été de peu d’usage à cause du petit nombre de ceux qui auroient été, capables de l’entendre. Gregoire de Tours le dit lui-même en plus d’un endroit. Ainsi notre Auteur pour se conformer au style de son tems, met quelquefois un accusatif où il sçavoit bien qu’il falloit mettre un ablatif absolu. Ce n’est donc point à Gregoire de Tours, c’est à ses Contemporains qu’il s’en faut prendre de ces fautes-là. » Comme la remarque de Dom Ruinart favorise beaucoup mes sentimens, je l’appuyerai ce qu’il a négligé de faire, en rapportant au bas de cette page, trois passages de Gregoire de Tours, dans lesquels il employe un accusatif où il falloit un ablatif absolu.

Je doute beaucoup néanmoins que Gregoire de Tours ait fait par choix et par complaisance pour ses contemporains les fautes de syntaxe où il est tombé. Voici ce qu’il nous dit lui-même concernant sa capacité en grammaire. » J’ai bien sujet de craindre, comme je ne sçai ni la Rhetorique ni la Grammaire, qu’on ne me dise : Pourquoi mettez-vous la main à la plume ? Croyez-vous mériter un rang entre les Auteurs par des ouvrages grossiers & que les Sçavans ne liront point, tant ils les trouveront mal écrits. Vous ne sçavez pas le genre des mots. Vous faites souvent masculin le nom qui est feminin, & masculin celui qui est neutre. Vous employez les prépositions contre toutes les regles reçúës. Enfin vous mettez des ablatifs où il faut des accusatifs, & des accusatifs où il faut des ablatifs. »

Dans la préface de son Livre de la vie des Peres, Gregoire de Tours dit encore : Qu’il n’a gueres étudié la grammaire,