Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Civitas par celui de Ville, et ils font ainsi assieger ou prendre une Ville, par des ennemis qui faisoient seulement des courses dans le plat païs de son district. Cette méprise n’obscurcit que trop souvent notre histoire.

à la fin du quatriéme Siecle, les Gaulois qui depuis près de cinq cens ans vivoient sous la domination de Rome, étoient devenus des Romains. Il n’y avoit plus alors aucune difference bien sensible entre les Habitans des Gaules et les Habitans de l’Italie : les Colonies dont Auguste et ses Successeurs avoient parsemé les Gaules, furent comme autant d’écoles où les anciens Habitans de ce Païs étudierent la langue et les loix, et prirent les mœurs et les usages de leurs vainqueurs. Un peuple subjugué par un autre devient volontiers semblable à la Nation qui l’a soûmis, pourvû qu’elle ne lui fasse point haïr son nouveau maître ; et Rome dès qu’elle eut une fois assujetti les Gaules, avoit toujours montré à leurs Habitans une prédilection qui ne leur permettoit pas de douter, qu’ils ne lui fussent beaucoup plus chers que tous les autres sujets qu’elle avoit acquis hors de l’enceinte de l’Italie.

On sçait quelle amitié et quelle confiance Jules-Cesar témoignoit aux Gaulois, même à ceux qui avoient porté les armes contre lui. Il donna le droit de Bourgeoisie Romaine à plusieurs d’entre ces Gaulois les moins civilisés, et il les fit même entrer dans le Sénat. Enfin il n’y avoit pas encore cent ans que les Gaules étoient reduites en forme de Province, quand l’Empereur Claudius accorda la faculté de pouvoir posseder les grandes dignités de l’Empire, aux familles principales de celles des Cités des Gaules, qui avoient déja le droit de BBourgeoisie Romaine, ou qui jouissoient des droits d’Alliés du Peuple Romain.[1] Peu d’années après Galba donna ce droit à toutes les Cités des Gaules[2] ; du moins n’exclut-il de cette grace generale, que quelques Cités qui s’étoient déclarées contre lui durant la Guerre civile faite dans les Gaules entre son parti et le parti de Néron.

Sous le regne de Vespasien proclamé Empereur peu de mois après la mort de Galba, nos Gaulois étoient en possession plei-

  1. Tacit. Ann. lib ii.
  2. Plutarq. Vie de Galba, Art. 5.