Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/692

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lieu dans les Gaules depuis le renversement du trône d’occident, jusqu’à la cession formelle de cette grande province de l’empire, faite aux enfans de Clovis par Justinien vers l’année cinq cens quarante, et dont nous parlerons quand il en sera tems, les évêques qui n’y avoient d’autre souverain légitime, que l’empereur d’Orient dont l’éloignement ne leur permettoit pas de recevoir les ordres à tems, ont dû souvent agir de leur chef, et prendre dans les conjonctures pressantes, le parti qui leur paroissoit le plus convenable aux interêts de la religion catholique comme au salut de leur patrie. Ils ont pû favoriser des barbares au préjudice d’autres barbares, et appeller le Franc, lorsqu’ils avoient de justes sujets de plaintes contre le Visigot ou contre le Bourguignon, qui avoient envahi leurs diocèses. Ils ont pû faire en un mot en qualité de premiers citoyens de leurs diocèses, tout ce que peut faire un officier qui n’est point à portée de recevoir un ordre spécial de son prince, concernant des affaires imprévûës, et sur lesquelles il faut néanmoins prendre incessamment un parti.


LIVRE 3 CHAPITRE 19

CHAPITRE XIX.

Quelle pouvoit être la constitution du Royaume de Clovis, & son étenduë. Les Rois des autres Tribus des Francs étoient indépendans de lui. Des forces de Clovis. Differentes manieres d’écrire le nom de ce Prince. De l’autorité de la vie de Saint Remy écrite par Hincmar.


Lorsque les officiers de l’empereur laisserent Mérovée, et les autres rois des Francs maîtres de Tournay, de Cambray, en un mot de la partie des Gaules renfermée entre le Vahal, l’ocean et la Somme, et que ces princes ou leurs auteurs avoient occupée vers l’année quatre cens quarante-cinq, je crois bien que ce fut à condition que la monarchie Romaine en conserveroit toujours la souveraineté. On aura stipulé, que nos barbares se contenteroient d’y joüir en qualité de ses confédérés, d’une portion des fonds et des revenus publics, qui leur tiendroit lieu de solde. Je m’imagine donc, que la condition de la partie des Gaules dont il s’agit