Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/116

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païs, et l’on oublie difficilement tout ce qu’on peut avoir appris dans l’enfance. Il n’en est pas ainsi de l’histoire moderne, tant ecclesiastique que profane. Chaque païs a ses saints, ses rois et ses grands personnages très-connus et que tout le monde y reconnoît facilement, mais qui ne sont pas reconnus de même en d’autres païs. Saint Petrone vêtu en évêque, et portant sur la main la ville de Boulogne caracterisée par ses principaux bâtimens et par ses tours, n’est pas une figure connuë en France generalement comme elle l’est en Lombardie. Saint Martin coupant son manteau, action dans laquelle les peintres et les sculpteurs le répresentent ordinairement, n’est pas d’un autre côté une figure aussi connuë en Italie qu’elle l’est en France. Les françois sçavent communement l’histoire de France depuis deux siecles. Ils ont une idée de l’air du visage et des habillemens de ceux qui ont fait la plus grande figure dans ces tems-là. Mais une tête de Henri Iv ne feroit pas deviner le sujet d’un tableau en Italie comme elle le feroit deviner en France. Chaque peuple a même ses fables particulieres et ses heros imaginaires le