Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/127

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inutile d’expliquer ici que ceux qui, comme Polyeucte, parlent contre une religion l’ouvrage des hommes, parce qu’ils connoissent la verité, ne sont pas de ces impies que je proscris. Les termes de ma proposition préviennent tout sujet de le soupçonner. Mais, dira-t-on, Phédre viole volontairement les loix les plus saintes du droit naturel, elle aime le fils de son mari, elle lui parle de sa passion, elle tente tout pour le seduire, enfin ce qui fait le caractere le mieux marqué d’un scelerat, elle accuse l’innocent du crime qu’elle même a commis. Cependant les malheurs de Phédre ne laissent pas d’exciter la compassion, quand on voit la tragedie de Racine. On peut dire la même chose de plusieurs pieces des anciens tragiques. Je réponds que Phédre ne commet pas volontairement les crimes dont elle est punie ; c’est un pouvoir divin auquel une mortelle ne sçauroit resister dans le sistême du paganisme, qui la force d’être incestueuse et perfide. Après ce que Phédre et sa confidente disent dès le premier acte sur la haine de Venus contre la posterité de Pasiphaé, et sur