Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/151

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des anciens : elles touchent tous les peuples ; elles ont touché tous les siecles, parce que le vrai fait son effet dans tous les tems et dans tous les païs. Ces peintures trouvent par tout des cœurs qui ressentent les mouvemens dont elles sont des imitations naïves. Ainsi l’amour que les bons poëtes de la Grece avoient mis dans leurs ouvrages touchoit infiniment les romains, parce que les grecs avoient dépeint cette passion avec ses couleurs naturelles.

spirat adhuc amor… etc.

dit Horace en parlant des vers de Sapho. Qu’on voïe dans celle des odes de cette fille que Monsieur Despreaux a tournée en françois dans sa traduction de Longin, quels sont les symptômes de l’amour-passion. Les peintures de cette passion qui sont dans les poësies des romains nous touchent comme celles qui sont dans les poësies des grecs touchoient les romains. Les amoureux que les uns et les autres ont introduits dans leurs ouvrages ne sont pas de froids galands, mais des hommes livrez malgré eux à des transports qui les maî-