Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/161

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d’Andronic. Mais malgré le changement du nom des personnages, la répresentation de cette tragedie a été défenduë durant long-tems dans les païs-bas espagnols. Les poëtes grecs n’avoient point cette délicatesse, j’en tombe d’accord. Ils ont mis sur la scene des souverains morts depuis peu de tems, et quelquefois même des princes vivans. Mais ces poëtes avoient été élevez dans l’esprit republicain qui regnoit parmi les atheniens, et qui cherchoit toujours à rendre odieux le gouvernement d’un seul. C’étoit un moïen d’y réussir que de répresenter les rois et les princes avec un caractere vicieux, dans des spectacles qui devoient avoir encore plus de pouvoir sur l’imagination des grecs, que sur celle des peuples septentrionaux. Voilà pourquoi les poëtes grecs ont défiguré quelquefois le veritable caractere des souverains ; voilà pourquoi ils ont introduit si souvent sur la scene Oreste malheureux et poursuivi des furies, quoique les historiens citent ce prince pour avoir vêcu et regné long-tems et heureusement. factum ejus à diis… etc.