Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/178

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la langue de ceux qui les païent. Mais comme les pieces italiennes qui ne sont point composées dans nos mœurs ne peuvent amuser le public ; les comediens dont je parle ont encore été obligez de joüer des pieces écrites dans les mœurs françoises. Les premiers auteurs anglois qui mirent en leur langue les comedies de Moliere, les traduisirent mot à mot. Ceux qui l’ont fait dans la suite ont accommodé la comedie françoise aux mœurs angloises. Ils en ont changé la scene et les incidens, et ils en ont plu davantage. C’est ainsi que Monsieur Wycherley en usa lorsqu’il fit du misantrope de Moliere son homme au franc procedé qu’il suppose être un anglois et homme de mer. Nos premiers faiseurs d’opera se sont égarez, ainsi que nos poëtes comiques, pour avoir imité trop servilement les opera des italiens de qui nous empruntions ce genre de spectacle, sans faire attention que le goût des françois aïant été élevé par les tragedies de Corneille et de Racine, ainsi que par les comedies de Moliere, il exigeoit plus de vrai-semblance, qu’il demandoit plus de regularité et plus de dignité dans les poëmes dramatiques, qu’on n’en exig