Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/203

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plaçoient autrefois dans des tableaux plus devots que sensez, sans égard pour la chronologie ni pour la vrai-semblance. On y voïoit s Jerôme présent à la céne, et s François assister au crucifiment. Cet usage vicieux est relegué depuis long-tems dans les tableaux de village. Après avoir discouru des personnages allegoriques il convient de retourner aux compositions allegoriques. Une telle composition est la répresentation d’une action qui n’arriva jamais, et que le peintre invente à plaisir pour répresenter un ou plusieurs évenemens merveilleux, qu’il ne veut point traiter en s’assujetissant à la verité historique. Les peintres font servir encore ces compositions à peu près au même usage que les égyptiens emploïoient leurs figures hierogliphiques ; c’est-à-dire pour mettre sensiblement sous nos yeux quelque verité generale de la morale. Les compositions allegoriques sont de deux especes ; les unes sont purement allegoriques parce qu’il n’entre dans leur composition que de ces personnages simboliques éclos du cerveau des peintres et des poëtes. De ce genre sont deux tableaux du Corrége peints en détrempe et qu’on peut voir

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