Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/205

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La composition purement allegorique ne devroit donc être mise en œuvre que dans une necessité urgente, et pour tirer le peintre d’un embarras dont il ne pourroit sortir par la route ordinaire. Il ne sçauroit entrer dans cette composition qu’un petit nombre de figures, et les figures ne sçauroient être trop faciles à reconnoître. Si l’on ne l’entend pas aisément, on la laisse comme un vain galimatias. Il est des galimatias en peinture aussi-bien qu’en poësie. Je ne me souviens que d’une seule composition purement allegorique qui puisse être citée comme un modele, et que le Poussin et Raphael voulussent avoir faite, à juger de leur sentiment par leurs ouvrages. Il est vrai qu’il paroît impossible d’imaginer en ce genre rien de meilleur que cette idée élegante par sa simplicité, et sublime par sa convenance avec le lieu où elle devoit être placée. Aussi fut-elle la production du prince De Condé le dernier mort, je ne dirai pas le prince, mais l’homme de son tems né avec la conception la plus vive et l’imagination la plus brillante. Le prince dont je parle faisoit peindre dans la galerie de Chantilly l’histoire

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