Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/261

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Revolte ceux qui ont quelque connoissance de la distance des lieux. Quoique les armées grecques et romaines marchassent avec plus de celerité que les nôtres, il est toujours vrai qu’il n’y a point de troupes qui puissent durant trois mois, et sans jamais sejourner, faire chaque jour près de huit lieuës, sur tout en passant par des païs difficiles et ennemis, ou du moins suspects, tels qu’étoient la plûpart des païs que Mithridate avoit à traverser. Ces sortes de critiques courent dans le monde, sur tout quand une piece est nouvelle, et souvent on les fait valoir contre un poëte encore plus qu’elles ne devroient valoir. Monsieur Corneille est souvent tombé dans la même inattention, que M Racine. Je n’en citerai qu’un exemple, ce que dit Nicomede à Flaminius, l’ambassadeur des romains auprès du roi Prusias son pere. Nicomede après avoir fait ressouvenir l’ambassadeur qu’Annibal avoit gagné la bataille de Trasiméne sur un Flaminius, il l’avertit encore de ne pas oublier. Qu’autrefois ce grand homme commença par son pere à triompher de Rome mais Titus Quintus Flaminius, celui