Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’attrait du spectacle des gladiateurs le fit aimer des grecs aussi-tôt qu’ils le connurent : ils s’y accoutumerent, quoiqu’ils n’eussent point été familiarisez avec ses horreurs dès l’enfance. Les principes de morale où les grecs étoient alors élevez, ne leur permettoient pas d’avoir d’autres sentimens que des sentimens d’aversion pour un spectacle où, dans le dessein de divertir l’assemblée, on égorgeoit des hommes qui souvent n’avoient pas merité la mort.

Sous le regne d’Antiochus Epiphane, roi de Syrie, les arts et les sciences qui corrigent la ferocité de l’homme, et qui même quelquefois amolissent trop son courage, fleurissoient depuis long-tems dans tous les païs habitez par les grecs. Quelques usages pratiquez autrefois dans les jeux funebres, et qui pouvoient ressembler aux combats des gladiateurs, y étoient abolis depuis long-tems. Antiochus qui formoit de grands projets, et qui mettoit en œuvre pour les faire réussir le genre de magnificence qui est propre à concilier aux souverains la bienveillance des nations, fit venir de Rome à grands frais des gladiateurs pour donner aux grecs amoureux de toutes les fêtes un spectacle nouveau. Peut-être pensoit-il aussi