Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/315

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les loüe de leur invention. fingere… etc. or les sons que ces mots imitent se trouvent être des signes instituez par la nature même, pour signifier les passions et les autres choses dont ils sont les signes. C’est d’elle-même qu’ils tirent leur signification et leur énergie. En effet ils sont à peu près les mêmes par tout, semblables en cela aux cris des animaux. Du moins si les sons par lesquels les hommes marquent leur surprise, leur joïe, leur douleur et leurs autres passions ne sont pas entierement les mêmes dans tous les païs, ils y sont si semblables que tous les peuples les entendent. C’est, s’il est permis d’user ici de cette expression, une monnoïe frappée au coin de la nature, et qui a cours parmi tout le genre humain. Il s’ensuit donc que les mots qui dans leur prononciation imitent le bruit qu’ils signifient, ou le bruit que nous ferions

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