Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/343

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les figures de lui-même. C’est l’effet que produit la lenteur avec laquelle se prononcent les expressions simples et en apparence sans art, que Ciceron repête pour parler de l’action contre laquelle il veut soulever l’imagination de l’auditeur. coedebatur virgis civis romanus. on reconnoît l’art dans les differentes repetitions de ces mots qu’il varie pour déguiser l’affectation. Mais revenons à l’usage de mettre en œuvre la combinaison des syllabes bréves et des syllabes longues pour rendre les phrases nombreuses et cadencées. Les romains étoient tellement épris de l’effet que le rithme produisoit, que leurs écrivains en prose s’y attacherent avec tant d’affection, qu’ils en vinrent par dégrez jusques à sacrifier le sens et l’énergie du discours au nombre et à la cadence des phrases. Ciceron dit que de son temps la prose avoit déja sa cadence mesurée comme les vers. La difference essentielle qui étoit entre la prose et les vers, ne venoit plus de ce que les vers fussent astreints à une certaine mesure, quand la prose en étoit affranchie ; mais de ce que le métre de la prose étoit different du métre