Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/362

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élever un édifice qui plaise autant que s’il pouvoit le bâtir avec de la pierre et avec du marbre. Nos peintres sont en cela bien plus heureux que nos poëtes. Les peintres qui travaillent aujourd’hui emploïent les mêmes couleurs et les mêmes instrumens qu’ont emploïez les peintres, dont on peut opposer les ouvrages à ceux qu’ils font tous les jours. Nos peintres, pour ainsi dire, composent dans la même langue que parloient leurs prédécesseurs. En parlant des peintres les prédécesseurs des nôtres, je n’entends point parler des peintres du tems d’Alexandre Le Grand et de ceux du tems d’Auguste. Nous ne sçavons pas assez distinctement les détails de la mécanique de la peinture antique, pour en faire un paralelle avec la mécanique de la peinture moderne. Par les peintres prédécesseurs des nôtres, j’entends parler seulement des peintres qui se sont produits depuis le renouvellement des lettres et des beaux arts. Je ne sçache point qu’il soit venu jusques à nous aucun tableau des peintres de l’ancienne Grece. Ceux qui nous restent des peintres de l’ancienne Rome, sont en si petite quantité, et ils sont encore d’une espece telle, qu’il est bien

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difficile de juger sur l’inspe