Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/392

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les corps, les devoient rendre mieux conformez qu’ils ne le sont aujourd’hui. Rubens dans un petit traité latin que nous avons de lui sur l’usage qu’on doit faire en peinture des statuës antiques, ne doute point que les exercices en usage chez les anciens, ne donnassent aux corps une perfection à laquelle ils ne parviennent plus aujourd’hui. Comme le temps a éteint les couleurs et confondu les nuances dans les fragmens qui nous restent de la peinture antique faite au pinceau, nous ne sçaurions juger à quel point les peintres de l’antiquité ont excellé dans le coloris, ni s’ils ont égalé ou surpassé les grands maîtres de l’école lombarde dans cette aimable partie de la peinture. Il y a plus. Nous ignorons si la nopce de la vigne Aldobrandine, et les autres morceaux sont d’un grand coloriste ou d’un ouvrier médiocre de ces temps-là. Ce qu’on peut dire de certain sur leur execution, c’est qu’elle est très hardie. Ces morceaux paroissent l’ouvrage d’artisans, autant les maîtres de leurs pinceaux que Rubens et que Paul Veronése l’étoient du leur. Les touches de la nopce Aldobrandine qui sont très-heurtées, et qui paroissent même grossieres quand