Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/452

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pas la chirurgie. Un miserable auteur fait une comédie qui détruit un des principaux élemens de la societé, je veux dire la persuasion où doivent être les enfans que leurs parens les aiment encore plus que ces parens ne s’aiment eux-mêmes. Il fait rouler l’intrigue de sa piece sur la ruse d’un pere qui met en œuvre la fourberie la plus rafinée, pour faire enfermer ses enfans qui sont bien nez, afin de s’approprier leur bien, et d’en joüir avec sa maîtresse. L’auteur dont je parle, expose ce mistere d’iniquité sur la scene comique, sans le rendre plus odieux que Terence cherche à rendre odieux les tours de jeunesse des eschines et des pamphiles, que le boüillant de l’ âge précipite malgré leurs remords dans des foiblesses que le monde excuse, et dont les peres eux-mêmes ne sont pas toûjours aussi desesperez qu’ils le disent. D’ailleurs, l’intrigue des pieces de Terence finit par un denoüement qui met le fils en état de satisfaire à la fois son devoir et son inclination. La tendresse paternelle combattuë dans le pere par la raison, les agitations d’un enfant bien né, tourmenté par la crainte de déplaire à ses parens, ou de perdre sa maîtresse,

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