Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/48

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tribunal un tableau, où le crime dont ils poursuivoient la vengeance étoit répresenté, afin d’exciter encore plus efficacement l’indignation des juges contre le coupable. On appelloit la peinture au secours de l’art oratoire en un tems où cet art étoit dans sa perfection.

Quand on fait attention à la sensibilité naturelle du cœur humain, à sa disposition pour être ému facilement par tous les objets dont les peintres et les poëtes font des imitations ; on n’est pas surpris que les vers et les tableaux mêmes puissent l’agiter. La nature a voulu mettre en lui cette sensibilité si prompte et si soudaine comme le premier fondement de la societé. L’amour de soi-même qui se change presque toujours en amour propre immoderé à mesure que les hommes avancent en âge, les rend trop attachez à leurs interêts presens et à venir, et trop durs envers les autres, lorsqu’ils prennent leur resolution de sens rassis. Il étoit à propos que les hommes pussent être tirez de cet état facilement. La nature a donc p