Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/483

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

possession qui duroit depuis long-temps.

L’Italie elle-même, qui pense maintenant que les autres peuples ne sçachent en musique que ce qu’ils ont appris d’elle, faisoit venir ses musiciens de nos contrées avant le dernier siecle, et païoit alors le même tribut à l’art des ultramontains qu’elle prétend recevoir aujourd’hui de tous les peuples de l’Europe. Il me souvient bien d’avoir lû dans les écrivains italiens plusieurs passages qui le prouvent, mais je crois devoir épargner au lecteur la peine de les lire, et à moi celle de les retrouver. Je ne pense pas qu’il demande d’autres preuves que le passage de Guichardin que j’ai cité. Je me contenterai donc d’alléguer encore un passage du Corio, qui nous a donné une histoire de Milan si curieuse, et si connuë de tous les sçavans. Dans le récit que le Corio fait de la mort du duc Galeas Sforce Viscomti, qui fut assassiné en mil quatre cent soixante et seize dans l’église de saint étienne de Milan, il dit : Le duc aimoit beaucoup la musique, & même il tenoit à ses gages une trentaines de Musiciens Ultramontains, auxquels il donnoit de gros appointemens. Un d'eux