Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/66

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SECTION VII.

Que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite.


Quand on a fait reflexion que la tragedie affecte, qu’elle occupe plus une grande partie des hommes que la comedie, il n’est plus permis de douter que les imitations ne nous interessent qu’à proportion de l’impression plus ou moins grande que l’objet imité auroit faite sur nous. Or il est certain que les hommes en general ne sont pas autant émus par l’action theatrale, qu’ils ne sont pas aussi livrez au spectacle durant les répresentations des comedies, que durant celles des tragedies. Ceux qui font leur amusement de la poësie dramatique, parlent plus souvent et avec plus d’affection des tragedies que des comedies qu’ils ont vûës ; ils sçavent un plus grand nombre de vers des pieces de Corneille et de Racine, que