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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/106

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grouppe fera dans le tableau, après que le tableau sera colorié. Si l’imagination n’a pas à sa disposition une main et un œil capables de la seconder à son gré, il ne résulte des plus belles idées qu’enfante l’imagination, qu’un tableau grossier, et que dédaigne l’artisan même qui l’a peint, tant il trouve l’ œuvre de sa main au-dessous de l’ œuvre de son esprit. L’étude nécessaire pour perfectionner l’œil et la main, ne se fait point en donnant quelques heures distraites à un travail interrompu. Cette étude demande une attention entiere et une perseverance continuée durant plusieurs années. On sçait la maxime qui défend aux peintres de laisser écouler un jour entier sans donner quelque coup de pinceau : maxime qu’on applique communément à toutes les professions ; tant on la trouve judicieuse. Le seul temps de la vie qui soit bien propre à faire acquerir leur perfection à l’œil et à la main, est le temps où nos organes tant interieurs qu’exterieurs achevent de se former. C’est le temps qui s’écoule depuis l’ âge de quinze ans jusques à l’ âge de trente ans. Les organes contractent sans peine