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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/108

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D’ailleurs tout est pour cet âge l’occasion d’un plaisir plein d’attraits. Les goûts d’un jeune homme sont des passions, et ses passions sont des fureurs. Le feu de l’ âge en donne plusieurs à la fois, et c’est beaucoup, si la raison encore naissante peut être la maîtresse durant quelques momens. Je dois encore ajoûter une refléxion ; c’est que le génie de la poësie et celui de la peinture n’habitent point dans un homme d’un temperament froid et d’une humeur indolente. La même constitution qui le fait peintre ou poëte, le dispose aux passions les plus vives. L’histoire des grands artisans, soit en poësie, soit en peinture, qui n’ont pas fait naufrage sur les écueils dont je parle, est remplie du moins des dangers qu’ils y ont courus ; quelques-uns s’y sont brisez, mais tous y ont échoüé. J’ignore quel sujet peut avoir été cause que l’évêque d’Alba se soit surpassé lui-même dans la peinture qu’il nous donne des inquiétudes et des transports d’un jeune poëte tyrannisé par une foiblesse qui lutte contre son génie, et qui le distrait malgré lui-même des occupations pour lesquelles il est né.