Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/132

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leurs artisans. Le Guide, dit Le Carache, a fait en maître, et Le Dominiquin en apprentif ; mais, ajoûta-t-il, l’apprentif vaut mieux que le maître. Véritablement on voit des fautes dans le tableau du Dominiquin, que Le Guide n’a pas faites dans le sien ; mais on y voit aussi des traits qui ne sont pas dans celui de son rival. On y remarque un génie qui tendoit à des beautez où le génie doux et paisible du Guide, n’aspiroit point. Plus les hommes sont capables de s’élever, plus ils ont de dégrez à monter pour arriver au faîte de leur élevation. Horace devoit être un homme fait, quand il se fit connoître pour poëte. Virgile avoit près de trente ans quand il fit sa premiere églogue. Monsieur Racine avoit à peu près cet âge, au dire de M Despreaux, quand il fit joüer Andromaque, qu’on peut regarder comme la premiere tragédie de ce grand poëte. Corneille avoit plus de trente ans quand il fit le cid. Moliere n’avoit point encore fait à cet âge aucune des comédies qui lui ont acquis la réputation qu’il a laissée. Despreaux avoit trente ans, quand il donna ses satires telles que nous les avons. Il est vrai que les dattes de ses pieces qu’on a mises dans une édition