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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/142

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dire alors, le siecle d’Auguste, le siecle d’Alexandre et le siecle de Louis le grand. On trouve d’abord que les causes morales ont beaucoup de part à la difference sensible qui est entre les siecles. J’appelle ici causes morales, celles qui operent en faveur des arts, sans donner réellement plus d’esprit aux artisans, et en un mot sans faire dans la nature aucun changement physique, mais qui sont seulement pour les artisans une occasion de perfectionner leur génie, parce que ces causes leur rendent le travail plus facile, et parce qu’elles les excitent par l’émulation et par les recompenses, à l’étude et à l’application. J’appelle donc des causes morales de la perfection des arts, la condition heureuse où se trouve la patrie des peintres et des poëtes lorsqu’ils fournissent leur carriere ; l’inclination de leur souverain et de leurs concitoïens pour les beaux arts ; enfin, les excellens maîtres qui vivent de leur temps, dont les enseignemens abregent les études et en assurent le fruit ? Qui doute que Raphaël n’eût été formé quatre ans plûtôt, s’il eût été l’éleve d’un autre Raphaël ? Croit-on qu’un peintre françois, qui