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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/164

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aiment la peinture autant qu’aucune autre nation, si l’on en excepte l’italienne, il ne s’est point établi de peintre étranger en Angleterre, qui n’ait gagné trois fois plus qu’il n’auroit pû gagner ailleurs. On sçait le cas que Henri Viii faisoit des tableaux, et avec quelle magnificence il recompensoit Holbens. La munificence de la reine élisabeth se répandit sur toutes sortes de vertus durant un regne de près de cinquante années. Charles I qui vécut dans une grande abondance les quinze premieres années de son regne, porta l’amour de la peinture jusqu’à une passion qui avoit tous les caracteres des plus vives. Sa jalousie fit monter les tableaux au prix où ils sont aujourd’hui. Comme il en faisoit acheter par tout avec profusion dans le même temps que Philippe Iv roi d’Espagne en faisoit acheter partout avec prodigalité ; la concurrence de ces deux souverains fit tripler dans toute l’Europe le prix des ouvrages des grands maîtres. Les tresors de l’art devinrent des tresors réels dans le commerce. Jusqu’ici cependant aucun anglois n’a mérité d’avoir un rang parmi les peintres de la premiere, et même parmi ceux