Aller au contenu

Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

beaux ouvrages, mais celui qui les fit étoit un étranger. C’étoit Rottiers d’Anvers, le compatriote de Guibbons, qui durant long-temps a été le premier sculpteur de Londres. Nous voïons même que le goût de dessein est mauvais communément dans les ouvrages d’Angleterre qui en demandent. S’ils sont admirables, c’est par l’execution, c’est par la main de l’ouvrier et non par le dessein de l’artisan. Véritablement il n’est point d’ouvriers qui aïent plus de propreté dans l’execution ni qui sçachent mieux se prévaloir des outils, que les ouvriers anglois. Mais ils n’ont pas sçû jusques ici se rendre propre le goût de dessein que quelques ouvriers étrangers qui se sont établis à Londres, y ont porté. Ce goût n’est point sorti de la boutique de ces ouvriers. Ce n’est pas seulement dans les païs excessivement froids ou humides que les arts ne sçauroient fleurir. Il est des climats temperez où ils ne font que languir. Quoique les espagnols aïent eu plusieurs souverains magnifiques, et aussi épris des charmes de la peinture qu’aucun pape l’air jamais été ; cependant cette nation si fertile en grands personnages, et même en grands poëtes