Aller au contenu

Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

point-là n’empêcheroit pas que les faits ne fussent véritables, et qu’ils ne prouvassent toujours que les causes morales ne décident pas seules de la destinée des lettres et des arts. L’effet n’en seroit pas moins certain, parce qu’on en auroit mal expliqué la cause. L’air que nous respirons communique au sang dans notre poumon les qualitez dont il est empreint. L’air dépose encore sur la surface de la terre la matiere qui contribuë le plus à sa fécondité, et le soin qu’on prend de la remuer et de la labourer, vient de ce qu’on a reconnu que la terre en étoit plus féconde quand un plus grand nombre de ses parties avoit eu lieu de s’imbiber de cette matiere aerienne. Les hommes mangent une partie des fruits que la terre produit, et ils abandonnent l’autre aux animaux, dont ils convertissent ensuite la chair en leur propre substance. Les qualitez de l’air se communiquent encore aux eaux des sources et des rivieres par le moïen des neiges et des pluïes qui se chargent toujours d’une partie des corpuscules suspendus dans l’air. Or, l’air qui doit avoir un si grand pouvoir sur notre machine, est un corps