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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/269

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néanmoins met beaucoup de son caractere particulier dans la pratique de ce culte. Suivant le génie de chaque nation il s’exerce avec plus ou moins de pompe, plus ou moins de dignité, comme avec des démonstrations extérieures de pénitence ou d’allégresse plus ou moins sensibles. Il est peu de cerveaux qui soient assez mal conformez pour ne pas faire un homme d’esprit ou du moins un homme d’imagination sous un certain ciel ; c’est le contraire sous un autre climat. Quoique les beotiens et les atheniens ne fussent séparez que par le mont Citheron, les premiers étoient si connus comme un peuple grossier, que pour exprimer la stupidité d’un homme on disoit qu’il paroissoit né en Beotie, au lieu que les athéniens passoient pour le peuple le plus spirituel de l’univers. Je ne veux pas citer les éloges que les écrivains grecs ont fait du goût et de l’esprit des atheniens. La plûpart, diroit-on, avoient Athenes pour patrie ou par naissance, ou par élection. Mais Ciceron qui connoissoit les atheniens pour avoir long-temps demeuré avec eux, et qu’on ne sçauroit soupçonner d’avoir voulu flatter servilement des