Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/277

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Si dans le temps de Cesar nous trouvons des gaulois dans le service des rois de Judée, de Mauritanie et d’égypte, ne voit-on pas aujourd’hui des françois dans toutes les troupes de l’Europe, et même dans celles du roi de Perse et du Grand Mogol ? Les anglois d’aujourd’hui ne descendent pas, generalement parlant, des bretons qui habitoient l’Angleterre quand les romains la conquirent. Néanmoins les traits dont Cesar et Tacite se servent pour caracteriser les bretons conviennent aux anglois. Les uns ne furent pas plus sujets à la jalousie que le sont les autres. Tacite écrit qu’Agricola ne trouva rien de mieux pour engager les anciens bretons à faire apprendre à leurs enfans le latin, la rhetorique et les autres arts que les romains enseignoient aux leurs, que de les piquer d’émulation en leur faisant honte de ce qu’ils se laissoient surpasser par les gaulois. L’esprit des bretons, disoit Agricola, étoit de meilleure trempe que celui des gaulois, et il ne tenoit qu’à eux, s’ils vouloient s’appliquer, de réussir mieux que ces voisins.