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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/280

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Tous les peuples illustres par les armes sont devenus mous et pusillanimes dès qu’ils ont été transplantez en des contrées où le climat amolissoit les naturels du païs. Les macedoniens établis en Syrie et en égypte y devinrent au bout de quelques années des syriens et des égyptiens, et dégenerant de leurs ancêtres, ils n’en conserverent que la langue et les étendarts. Au contraire, les grecs établis à Marseille contracterent avec le temps l’audace et le mépris de la mort particulier aux gaulois. Mais, comme dit Tite-Live en racontant les faits que je viens de rapporter, il en est des hommes comme des plantes et des animaux. Or, les qualitez des plantes ne dépendent pas autant du lieu d’où l’on a tiré la graine, que du lieu où l’on l’a semée, les qualitez des animaux dépendent moins de leur origine que du païs où ils naissent et où ils deviennent grands.