Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/283

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par la premiere croisade, y devinrent après quelques génerations aussi pusillanimes et aussi enclins à mal faire que les naturels du païs. L’histoire des dernieres croisades est remplie de plaintes ameres contre la déloïauté et contre la molesse des francs orientaux. Les soudans du Caire n’avoient pas trouvé d’autres moïens de conserver la valeur et la discipline dans leurs troupes, que d’envoïer faire les recruës en Circassie dont leurs mamelus étoient originaires. L’expérience leur avoit enseigné que les enfans de ces circassiens nez et élevez en égypte, n’avoient que les inclinations et le courage des égyptiens. Les Ptolomées et les autres souverains de l’égypte qui ont été soigneux d’avoir de bonnes troupes, y ont toujours entretenus des corps d’étrangers. Les naturels du païs, qu’on prétend avoir fait de si grands exploits de guerre sous Sesostris et sous leurs premiers rois, étoient déja bien dégenerez dès le temps d’Alexandre Le Grand. L’égypte depuis sa conquête par les perses a toujours été le joüet d’une poignée de soldats étrangers. Depuis Cambyses les égyptiens d’origine n’ont jamais, pour ainsi dire, porté l’épée de l’égypte.