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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/286

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ncevoir à quel point le sang espagnol, si brave et si courageux en Europe, a dégeneré dans plusieurs contrées de l’Amerique. On ne le croiroit pas, si douze ou quinze rélations differentes des expeditions des flibustiers dans le nouveau monde, ne s’accordoient pas toutes à le dire et à en rapporter des circonstances convaincantes. Ainsi que les hommes, les animaux prennent une taille et une conformation differentes, suivant le païs où ils sont nez et où ils deviennent grands. Il n’y avoit point de chevaux en Amerique quand les espagnols découvrirent cette partie du monde. On peut bien croire que les premiers qu’ils y transporterent pour faire race, étoient des plus beaux de l’Andalousie où se faisoit l’embarquement. Comme les frais du transport se montoient à plus de deux cens écus par cheval, on n’épargnoit pas apparemment l’argent de l’achat, et les chevaux étoient alors à grand marché dans cette province. Il est des païs en Amerique où la race de ces chevaux a dégeneré. Les chevaux de Saint Dominique et des Antilles sont petits, malfaits, et ils n’ont que le courage des nobles animaux dont ils descendent,