Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/324

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se succedent alternativement. On ne sçauroit encore attribuer qu’aux changemens qui surviennent dans les qualitez de l’air dans le même pays la difference qui se remarque entre les mœurs et la politesse de divers siecles. On a vû des temps où l’on tiroit facilement les principaux d’une nation de leurs foïers. On les engageoit sans peine d’aller chercher la guerre à mille lieuës de leur patrie au mépris des fatigues de plusieurs mois de voyage qui paroissent les travaux d’Hercule à leur postérité amollie. C’est, dira-t-on, que la mode d’y aller s’étoit établie. Mais de pareilles modes ne s’établiroient pas aujourd’hui. Elles ne peuvent s’introduire qu’à l’aide des conjectures physiques, pour ainsi dire. Croit-on que le plus éloquent de nos prédicateurs qui prêcheroit une croisade aujourd’hui, trouvât bien des barons qui le voulussent suivre outre-mer  ?