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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/328

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religion, mais si l’on excepte les guerres contre les albigeois, il n’étoit pas arrivé que ces disputes eussent fait verser aux françois le sang de leurs freres, parce que la même acreté ne s’étoit pas encore trouvée dans les humeurs, ni la même irritation dans les esprits. Pourquoi vient-il des siecles où les hommes ont un éloignement invincible de tous les travaux d’esprits, et où ils sont si peu disposez à étudier, que toutes les voïes dont on se sert pour les y exciter demeurent long-temps inutiles ? Tous les travaux du corps et les plus grands dangers leur font moins de peur que l’application. Quels privileges et quels avantages nos rois n’ont-ils pas été obligez d’accorder aux graduez et aux clercs dans le douziéme et dans le treiziéme siecle, afin d’encourager les françois à sortir du moins de l’ignorance la plus crasse où je ne sçais quelle fatalité les retenoit plongez ? Les hommes avoient alors un si grand besoin d’être excitez à l’étude, qu’en quelques états on étendit une partie des privileges des clercs à ceux qui sçauroient lire. En effet, de grands seigneurs qui ne sçavoient pas signer leur