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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/343

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dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence comme du rang qu’ils doivent tenir dans l’estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d’analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes et des tableaux est de nous plaire. C’est le dernier but que les peintres et les poëtes se proposent quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s’ils ont bien réussi, quand on connoît si l’ouvrage touche ou s’il ne touche pas. Il est vrai de dire qu’un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c’est ce qu’on reconnoît mieux en jugeant par l’impression que fait l’ouvrage qu’en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des critiques, qui conviennent rarement touchant l’importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers et des tableaux sans sçavoir les regles de la poësie et de la peinture, car, comme le dit Ciceron. Tous les hommes, à l’aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans