Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/352

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disent que des choses obscures et que peu de gens croïent comprendre. Cependant la chose est reputée certaine dans tout l’univers. On seroit aussi ridicule aux Indes en soutenant que le noir est une couleur gaïe, qu’on le seroit à Paris en soutenant que le verd-clair et la couleur de chair sont des couleurs tristes. Il est vrai que lorsqu’il s’agit du mérite des tableaux, le public n’est pas un juge aussi compétent, que lorsqu’il s’agit du mérite des poëmes. La perfection d’une partie des beautez d’un tableau, par exemple la perfection du dessein, n’est bien sensible qu’aux peintres ou aux connoisseurs qui ont étudié la peinture autant que les artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs quelles sont les beautez d’un tableau dont le public est un juge non recusable, et quelles sont ses beautez qui ne sçauroient être apprétiées à leur juste valeur que par ceux qui sçavent les regles de la peinture.