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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/368

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malhabile contre le joueur habile. Or, la guerre et les autres professions que nous avons citées, dépendent encore moins de la fortune que le trictrac, quoique la fortune ait part dans le succès de ceux qui les exercent. Le plan que se propose le general après avoir examiné ses forces, ses ressources, en un mot quels sont ses moïens, et quels sont ceux de l’ennemi, n’est pas exposé à être aussi souvent déconcerté que le projet du joueur. Ainsi le public n’a point de tort de penser que le general, dont presque toutes les campagnes sont heureuses, est un grand homme de guerre, quoiqu’un general puisse avoir un évenement heureux sans mérite, comme il peut perdre une bataille ou lever un siege sans être mauvais capitaine. Le cardinal Mazarin, qui connoissoit aussi-bien que personne, quelle part peut avoir la capacité dans ces évenemens, que les hommes bornez croïent dépendre presque entierement du hazard, parce qu’ils en dépendent en partie, ne vouloit confier les armées et les affaires qu’à des gens heureux, supposant qu’on ne réussit point assez souvent pour mériter le titre d’heureux sans avoir beaucoup d’habileté. Or, le public ne se dedit