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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/413

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né à cinq cens lieuës de la France. Au contraire, la prévention de l’italien est peu favorable à tout étranger qui professe les arts liberaux. Si l’italien rend justice à l’étranger, c’est le plus tard qu’il lui est possible. Ainsi les italiens, après avoir négligé long-temps le Poussin, le reconnurent enfin pour un des grands maîtres qui jamais ait manié le pinceau. Ils ont aussi rendu justice au génie de Monsieur Le Brun. Après l’avoir fait prince de l’académie de saint Luc, ils parlent encore avec éloge de son mérite, en appuïant un peu trop néanmoins sur la foiblesse du coloris de ce grand poëte, quoiqu’il vaille mieux que celui de bien des grands maîtres de l’école romaine. Les italiens peuvent se vanter de leur circonspection, et les françois de leur hospitalité. Le public ne se connoît pas en peinture à Paris autant qu’à Rome. Les françois en general n’ont pas le sentiment intérieur aussi vif que les italiens. La difference qui est entr’eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules et du côté de l’Italie, mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris et les naturels de Rome. Il s’en