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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/433

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deux ans après sa premiere édition. Quand il est mauvais, le public ne prend pas un si long délai pour le condamner, quelque effort que la plûpart des gens du métier fassent pour soutenir sa réputation. Quand la pucelle de Chapelain parut, elle avoit pour elle les suffrages des gens de lettre étrangers et françois. Les bienfaits des grands l’avoient déja couronnée, et le monde prévenu par ces éloges l’attendoit l’encensoir à la main. Cependant le public si-tôt qu’il eut lû la pucelle revint de son préjugé, et il la méprisa même avant qu’aucun critique lui eut enseigné par quelle raison elle étoit méprisable. La réputation prématurée de l’ouvrage fut cause seulement que le public instruisit ce procès avec plus d’empressement. Chacun apprit sur les premieres informations qu’il fit qu’on bâilloit comme lui en la lisant, et la pucelle devint vieille au berceau.