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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/492

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raison soit d’une autre trempe que celle des anciens, assurer qu’elle est superieure à la leur, parce que nous sommes plus sçavans qu’eux dans les sciences naturelles, c’est inferer que nous avons plus d’esprit qu’eux de ce que nous sçavons guérir les fievres intermittantes avec le quinquina, et de ce qu’ils ne le pouvoient pas faire, quand on sçait que tout notre mérite dans cette cure vient d’avoir appris des indiens du Perou, la vertu de cette écorce qui croît dans leur païs. Si nous sommes plus habiles que les anciens dans quelques sciences indépendantes des découvertes fortuites que le hazard et le temps font faire, notre superiorité sur eux dans ces sciences, vient de la même cause qui fait que le fils doit mourir plus riche que son pere, supposé qu’ils aïent eu la même conduite, et que la fortune leur ait été favorable également. Si les anciens n’avoient pas, pour ainsi dire, défriché la geométrie, il auroit fallu que les modernes nez avec du génie pour cette science, emploïassent leur temps et leurs talens à la défricher, et comme ils ne seroient point parti d’un terme aussi avancé que le terme dont ils sont partis