Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/514

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la même maniere que les contemporains de ce poëte l’avoient prise. Ces peuples si differens les uns des autres par la langue, par la religion et par les mœurs, se sont réunis dans le sentiment de veneration pour Virgile, dès qu’ils ont commencé à se polir, dès qu’ils ont été capables de l’entendre. Ils n’ont pas trouvé l’éneïde un poëme excellent, parce qu’on leur eut dit au college qu’il le falloit admirer. Ils n’en avoient pas encore : mais parce qu’ils ont trouvé ce poëme excellent dans la lecture, ils ont tous été d’avis de faire de son étude une partie de l’éducation sçavante de leurs enfans. Dès que les peuples septentrionnaux ont eu des établissemens sur le territoire de l’empire romain, dès qu’ils ont sçu le latin, ils ont pris pour Virgile le même goût que les compatriotes de cet aimable poëte avoient toujours eu pour lui. Je me contenterai d’en alléguer un exemple. Theodoric premier roi des visigots établis dans les Gaules, et contemporain de l’empereur Valentinien Iii avoit voulu que son fils Theodoric Ii s’appliquât à l’étude de Virgile. Ce dernier Theodoric dit en parlant au célebre Avitus, qui