Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/517

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nom seul auroit été nouveau pour les anciens, est excellent pour composer des livres qui enseignent à ne point faire de fautes en écrivant, il est excellent pour mettre en évidence celles qu’aura faites un auteur, mais il apprend mal à juger d’un poëme en general. Les beautez qui en font le plus grand mérite, se sentent mieux qu’elles ne se connoissent par la regle et par le compas. Quintilien n’avoit pas calculé les bévûës ni discuté en détail les fautes réelles et les fautes rélatives des écrivains, dont il a porté un jugement adopté par les siecles et par les nations. C’est par l’impression qu’ils font sur les lecteurs que ce grand homme les définit, et le public qui en juge par la même voïe a toujours été de son avis. Enfin dans les choses qui sont du ressort du sentiment, comme le mérite d’un poëme, l’émotion de tous les hommes qui l’ont lû et qui le lisent, et leur veneration pour l’ouvrage, sont ce qu’est une démonstration en geométrie. Or c’est sur la foi de cette démonstration que les peuples se sont entêtez de Virgile et de quelques autres poëtes. Ainsi les hommes ne changeront point d’opinion sur ce point-là, que les ressorts