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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/520

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notre païs la chair des animaux est une nourriture plus aisée et plus saine que les poissons et les légumes. Les hommes sçavent bien qu’il est plus facile d’éblouir leur esprit que d’en imposer à leur sentiment. Défendre un sentiment établi, c’est faire un livre dont le sujet n’excite gueres la curiosité des contemporains. Si l’auteur écrit mal, personne n’en parle. S’il écrit bien, on dit qu’il a exposé assez sensément ce qu’on sçavoit déja. Attaquer le sentiment établi, c’est se faire d’abord un auteur distingué. Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que les gens de lettres ont tâché de s’acquerir, en contredisant les opinions reçûës, la réputation d’hommes qui avoient des vûës supérieures, et qui étoient nez pour donner le ton à leur siecle, et non pour le recevoir de lui. Ainsi toutes les opinions établies dans la litterature ont déja été attaquées plusieurs fois. Il n’y a point d’auteurs célebres que quelque critique n’ait entrepris de dégrader, et nous avons vû même soûtenir que Virgile n’avoit point fait l’éneïde, et que Tacite n’avoit point écrit l’histoire et les annales qui sont sous son nom. Tout ce qu’on peut dire contre la