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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/522

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fait comprendre qu’ils ne s’étoient cru plus clairs-voïant que les autres, que parce qu’ils n’étoient pas encore assez éclairez. Ils ont conçu que le monde avoit raison de penser comme il pensoit depuis plusieurs siecles, que si la réputation des anciens pouvoit être affoiblie, il y avoit déja long-temps que le flambeau du temps l’auroit, pour ainsi dire, obscurcie ; en un mot que leur zele étoit un zele inconsideré. Un jeune homme qui entre dans un emploi considerable, débute par blâmer l’administration de son prédecesseur. Il ne sçauroit comprendre que les gens sages l’aïent loüé, et il se promet d’empêcher le mal et de procurer le bien mieux que lui. Les mauvais succès de ses tentatives pour reformer les abus et pour établir l’ordre qu’il avoit imaginé dans son cabinet, les lumieres que donne l’expérience et qu’elle seule peut donner, lui font bien-tôt connoître que son prédecesseur s’étoit bien conduit, et que le monde avoit raison de le loüer. De même nos premieres méditations nous révoltent quelquefois contre les opinions que nous trouvons établies dans la république des lettres, mais des refléxions plus sensées sur la