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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/533

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mots, d’emploïer souvent une périphrase pour marquer précisément en quel sens nous usons du mot d’empereur, en traduisant imperator . Des traducteurs excellens ont choisi même quelquefois d’emploïer dans la phrase françoise le mot latin imperator . Un mot qui aura précisément la même signification dans les deux langues, ne peut-il pas encore, quand il est consideré en tant que simple son, et pris indépendamment de l’idée, laquelle y est attachée, se trouver plus noble en une langue qu’en une autre langue, de maniere qu’on rencontrera un mot bas dans une phrase de la traduction où l’auteur avoit mis un beau mot dans l’original. Le mot de Renaud est-t-il aussi beau en françois que Rinaldo l’est en italien ? Titus ne sonne-t-il pas mieux que Tite ? Les mots traduits d’une langue en une autre langue peuvent encore y devenir moins nobles et y souffrir, pour ainsi dire, du déchet par rapport à l’idée attachée au mot. Celui d’ Hospes ne perd-il pas une partie de la dignité qu’il a en latin, où il signifie un homme lié avec un autre par l’amitié la plus intime, un homme lié avec un autre