Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/538

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par exemple, ce qu’écrit un missionnaire sur l’opinion qu’on a des asnes en certaines contrées des Indes orientales. on trouve ici des asnes comme en Europe… etc. devroit-on juger sur nos idées un poëte de ce païs-là qu’on auroit traduit en françois. Si nous n’avions jamais vû d’autres chevaux que ceux des païsans de l’isle de France, serions-nous affectez ainsi que nous le sommes par toutes les figures dont un coursier est le sujet. Mais, dira-t-on, il faut passer au poëte à qui l’on fait le procès sur une traduction, toutes les figures et toutes les prosopées fondées sur les mœurs et sur les usages de son païs. Voilà en premier lieu ce qu’on ne fait pas. Je ne pense pas que ce soit par prévarication, et j’accuse seulement les critiques de n’avoir point assez de connoissance des mœurs et des usages des differens peuples, pour juger quelles figures ces mœurs et ces usages autorisent