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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/96

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e de les faire agir. Voilà ce qu’a fait Raphaël, qui semble, nouveau Promethée, avoir dérobé le feu céleste pour les animer. Je renvoïe ceux qui voudroient avoir des éclaircissemens sur cette matiere à l’écrit latin de Rubens, touchant l’imitation des statuës antiques. Qu’il seroit à souhaiter que ce puissant génie eût toûjours pratiqué dans ses ouvrages les leçons qu’il donne dans cet écrit ! Les peintres qui font de l’antique le même usage que Raphaël, Michel-Ange et quelques autres en ont fait, peuvent être comparez à Virgile, comme à Racine et à Despreaux. Ils se sont servis des poësies anciennes par rapport au temps où ils composoient, comme les peintres illustres que j’ai citez, se sont servis des statuës antiques. Quant à ces peintres sans verve, qui ne sçavent faire autre chose en composant que mettre, pour ainsi dire, à contribution les tableaux des grands maîtres, taxant l’un à deux têtes, imposant l’autre à un bras, et celui qui est plus riche à un grouppe : brigands, qui ne fréquentent le Parnasse que pour y détrousser les passans, je les compare aux couseurs de centons les plus méprisez de tous les faiseurs de vers. Qu’ils évitent de tomber entre les mains du Barigel que le Boccalin établit