Page:Dubus - Quand les violons sont partis, 1905.djvu/118

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Ses yeux cernés de kohl ont des lueurs d’éclair,
Sa peau semble crever son maillot rose-clair
Tandis que sur un ton canaille elle commençe,
Et telle est sa rouerie à dire la chanson
Que les mots sans malice ont un air polisson,
Les applaudissements vont jusqu’à la démence.
 
Zut pour les mœurs ! Plus c’est grivois, plus c’est exquis ;
Calicots, cabotins et filles sont conquis,
Et se pâment devant un geste bien obscène,
C’est comme tous les soirs un triomphe complet
Et jamais on entend s’achever un couplet
Sans qu’un pschutteux ne lance un bouquet sur la scène.
 
Et la diva gaspille à ce tas de balourds
Les langueurs de ses yeux doux comme le velours,
Et ses baisers, et ses frais sourires, mais triste
Que tous ainsi que des satyres soient venus
Se régaler de mots lubriques, de seins nus,
Sans jamais voir que la femelle dans l’artiste.